Réflexions

JE SUIS SOLITAIRE ET J’AIME ÇA

L’autre jour, dans le rapport de performance de mon blog, j’ai pu voir que la recherche google « je suis solitaire et j’aime ça » a amené des personnes sur mon blog.

J’ai bien aimé cette phrase.

J’aime cette phrase.

Et elle m’amène à vous parler d’un questionnement qu’on a eu avec un ami il y a quelques semaines : faut-il être solitaire à tout prix?

Ce dernier m’a abordé de cette manière :

« J’ai lu ton article hier sur le fait de voyager seul, et il y a quelque chose que j’aimerai te demander : c’est quoi la chose qui te fait le plus vibrer, je veux dire le genre de moment où tu sens que ta flamme brûle à la plus haute intensité, où cette « lumière » te touche au plus profond de toi?

Je te demande ça parce que je voyage seul depuis un mois, j’ai beaucoup de moments juste avec moi-même, et j’apprécie beaucoup, d’autant plus que j’ai récemment ressenti avoir trouvé ma passion et le way avec lequel je peux et veux toucher les gens avec la plus haute intensité. Donc j’ai besoin de temps avec moi-même, pour me développer et apprendre à mon corps à devenir expert, de manière à ce que je puisse laisser mon âme s’exprimer avec flow. Le « problème », c’est que ce qui me fait vibrer au plus haut point c’est le sentiment d’unité avec les gens, avec moi-même aussi bien sûr, sans ça ça ne serait pas concevable, mais avec les gens, c’est comme si ça m’ouvrait à une autre dimension, presque à un autre niveau de feeling, plus colorful, plus vivant presque j’ai envie de dire. Ça me remplit à un autre niveau, au point que je peux dire que c’est ma raison de vivre, vivre, partager et créer ce genre de moment. Et j’ai conscience que c’est un gros trait de ma personnalité, mais d’un autre côté des fois ça me donne le sentiment de dépendre des autres… Pourquoi je n’arrive pas à atteindre cette intensité de vie avec moi-même? Comme si, si je ne partageai pas un beau moment, il avait moins de couleur, moins de profondeur, bref je n’ai pas les mots mais je sais que tu comprendras.

Je ne sais pas comment tu ressens les choses toi, mais tu as l’air d’être capable d’apprécier un moment, au moins au même niveau, avec entourage ou seule. J’aimerai que tu essayes de m’expliquer ce que tu ressens à ces moments, si c’est de la même « nature » que quand tu ressens cette intensité quand tu la partages, ce qui fait que tu les ressens, etc.

Parce que je réalise que j’ai besoin de beaucoup de temps avec moi-même pour me développer, et malgré le fait que j’ai conscience que ça fait partie de l’accomplissement de moi-même, et que je ressens l’intensité du moment quand je joue, je me perd, je peux passer des heures, comme si le temps n’existait plus jusqu’à ce que je revienne à moi, j’ai des fois l’impression de me sentir comme un peu vide, parce que comme je t’ai dit, c’est comme si quand je partage ces moments, ça me remplit à un autre niveau complètement, une seconde de bonheur/moment partagé a beaucoup plus de valeur et d’intensité et ça peut me toucher bien plus que plusieurs jours avec moi-même, et la vérité c’est que ça me met des coups de down…

Parce qu’au final, c’est pas si simple de trouver des gens qui sont assez ouvert pour permettre cette unité. Donc j’en reviens au fait que j’ai l’impression que mon bien-être dépend des autres. Et j’ai l’impression d’être sur le bon chemin pour trouver le bonheur à l’intérieur, quoi qu’il m’arrive, peu importe dans quelle situation je me retrouve, j’arrive quasiment tout le temps à la rendre positive, et de faire les choses avec le sourire et les bonnes intentions, et même à influencer la vibe autour de moi, toucher les gens, et des fois ça m’impressionne même de voir jusqu’à quel niveau ça peut aller.

Mais voilà, ce bonheur intérieur que j’ai aujourd’hui dépend trop des autres, et je sais que c’est quelque chose d’impératif à mon bien-être sur lequel il faut que je m’ouvre, et je pense que tu peux m’aider là-dessus. »

Ayant l’habitude de ne recevoir presqu’uniquement des messages de personnes se retrouvant dans mes écrits et ayant un caractère similaire, j’ai trouvé son message intéressant, me poussant à la réflexion, à savoir ce qui est normal, ce qui ne l’est pas, ce qui est vrai, et ce qui ne l’est pas.

Voilà ce que je lui ai répondu :

« En fait, je ne pense pas qu’il y ait une seule vérité.

C’est important de savoir être seul, de trouver le temps de l’être et de l’apprécier. La preuve, ça t’a permis de trouver ta passion. Et je pense que pour tout le monde c’est pareil, ça permet de se reconnecter à son soi le plus profond. Tu as pu le voir par toi-même.

Mais il y a des personnes introverties, des personnes extraverties, et d’autres qui balancent entre les deux.

Moi je suis introvertie, je ne ressens pas le besoin d’aller vers l’autre. De plus, vivre en permanence avec les autres me fatigue. Pas dans le sens « ça me soule », mais dans le sens ça me prend vraiment beaucoup d’énergie et je n’arrive plus à me connecter, que ça soit à moi même ou à l’autre. J’ai besoin d’une majorité de temps seule, et d’une minorité de temps avec l’autre.

Toi c’est l’inverse. Tu es plus extraverti, et plus sociable. Tu as fait l’armée, tu as vécu dans une collocation avec beaucoup de personnes, tu as vécu dans des kibboutz, etc. C’est quelque chose que je ne suis pas capable de faire, mais j’ai tout de même besoin de rapports sociaux. Toi, c’est l’inverse, tu ne pourrai pas vivre seul, mais tu as tout de même besoin de moments de solitude.

Je ne pense pas que le fait d’avoir besoin de partager soit un problème et je pense même que c’est normal. Tu as d’ailleurs mis toi même « problème » entre guillemets. Je ne suis pas tout le temps avec des gens physiquement, mais j’aime partager mes aventures par écrit. En live, je préfère vivre des choses seules, ou alors avec des personnes que je connais vraiment très bien, puis après je partage en écrivant. Mais ce que je vis, aurait-il le même sens si je ne le partageais avec personne?

Un moment, sur Neil Island, en Inde, je me baladais à vélo, puis parmi les arbres sur le côté de la route, il y avait une ouverture qui permettait de voir le paysage derrière. Il y avait une grande étendue d’herbe, et au milieu, un veau qui broutait. La scène était incroyable, elle m’a même ému aux larmes, et je me disais que c’était dommage que personne ne voit ça avec moi. Et là, un paysan arrive dans le sens inverse de la route, en face de moi quoi, et du coup il ralenti pour voir ce que je regardais. Il regarde, puis il me regarde et on se sourit, comme un « tu as vu comment c’est beau? ». Et ça a donné plus d’intensité à la scène.

Le fait de partager un moment avec quelqu’un, c’est comme l’ancrer dans la réalité, puisqu’on est au moins deux à le vivre.

Nous dépendons tous les uns des autres, et c’est normal puisque nous sommes une société. À partir du moment où tu n’es pas menacé de te retrouver demain le seul et dernier être humain sur terre, ça n’est pas un problème. Le seul problème est le fait que tu vois ça comme un problème. Ça ne devrait pas te mettre des coups de down. Tu ne dois pas lutter contre ton caractère. Car plus tu vas essayer d’éviter ce besoin des autres, plus il va être fort. Peut-être que tu es comme ça et que tu as besoin des autres, et que c’est par ce chemin là que tu vas réussir à atteindre cette intensité avec toi-même. Si tu as besoin des autres en ce moment pour être bien avec toi-même, laisse les choses comme ça, il n’y a pas de mal à ça. Tant que tu t’écouteras, que tu écouteras ton intuition, tu trouveras ton chemin vers ton bien être à toi. Si tu as l’impression d’être sur le bon chemin, suis ce chemin, il n’y a pas de « mais ». Si tu te sens vide quand tu restes seul, ne reste pas seul. Moi c’est l’inverse, le rapport à l’autre me vide, alors je privilégie mes moments seule. Le tout, c’est d’identifier ça, d’identifier qui tu es, de l’accepter, et de t’organiser en fonction.

Et tu vois, le fait de l’accepter, c’est même ça qui va faire que tu trouveras plus facilement des gens assez ouverts, ou au moins, sur la même fréquence que toi. Avant, je n’acceptais pas comment j’étais parce que personne ne m’avait dit que c’était normal, et je n’avais personne comme moi dans mon entourage. Toutes les nouvelles personnes que je rencontrais, c’était le même refrain : « ouvre toi aux autres, prend confiance en toi, sors, ne reste pas seule, c’est chiant d’être comme ça, c’est triste d’être comme ça, ça ne se fait pas pour les gens qui ont envie de te voir », etc. etc. Et aujourd’hui, avec la mode du développement personnel, j’ai peur que la tendance s’inverse et qu’on dise maladroitement aux personnes extraverties qu’elles ne sont pas normales, qu’elles doivent apprendre à être seules, qu’elles ne doivent pas dépendre des autres, etc.

Maintenant que j’accepte ce que je suis, après un parcours plus ou moins long vers cette acceptation, je n’attire vers moi que des personnes qui comprennent comment je suis et qui l’acceptent, avec qui le feeling passe vraiment, et en plus, beaucoup sont des extravertis. Du coup, ça m’équilibre car à travers eux je m’ouvre vers l’extérieur, et ça les équilibre car je les ouvre sur leur intérieur à eux.

Et pour répondre à ta première question, tu vas trouver ça drôle : l’année dernière, je suis allée voir un conseiller en orientation, parce que je me sentais un peu perdue, et je voulais trouver le moyen de lier toutes mes passions dans un seul métier, trouver ce qui pourrait les unir et où je pourrai les unir. Et à force de rendez-vous, de tests, et de questionnements, tu sais ce qu’il en est sorti? Que la chose qui me fait le plus vibrer, c’est quand quelqu’un me dit « Merci, parce que tu m’as aidé », « Merci, parce que tu m’as inspiré à faire ceci ou celà », « Merci, parce que tu m’as fait me poser des questions auxquelles je n’aurai jamais pensé », etc. Au final, apporter quelque chose à l’autre. Donc finalement, mon bonheur ultime dépend aussi des autres, bien que je sois solitaire. »

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