MISSION D’EXPLORATION
AU LAOS
Troisième partie | Luang Prabang
septembre – octobre 2017
par Jessica Valoise
15 septembre 2017
Luang Namtha (ມ. ຫລວງນໍ້າທາ)
Aujourd’hui, les étoiles sont alignées.
Petit déjeuner au Bamboo Lounge. Le service est tellement plus rapide et aimable que celui du soir!
Le tuk-tuk pour se rendre à la gare d’autobus est pile à l’heure, 8h (chose qui se souligne au Laos). En chemin, il récupère le couple avec qui j’étais justement arrivé ici (les petits signes de la vie que j’aime). Les explications laissées sur le ticket pour expliquer au chauffeur où je dois m’arrêter sont comprises sans problèmes. J’ai une vraie place dans le bus (il y a souvent plus de personnes que de places…). Et on part trente minutes en avance! Les paysages sont encore incroyables. Des montagnes vertigineuses, aussi hautes que profondes.
Nous arrivons à Oudomxai à 11h pour luncher, on repart à 11h45. Arrivée au pont où je dois descendre à 14h15. Des personnes au bord de la route m’indiquent que Nok, mon hôte, m’attend en bas du chemin. C’est en bateau que nous allons rejoindre le village, la route n’étant pas praticable pendant la saison des pluies. Lors de la saison sèche, c’est l’inverse, le niveau d’eau étant trop bas, c’est par la « route » qu’on rejoint les bungalows.
Arrivées aux bungalows, je découvre une jolie place, déjà occupée par deux jeunes filles belges qui nous partagerons vite tout plein d’anecdotes toutes plus drôles les unes que les autres.
Rapidement, Nok insiste pour me vendre son tour à 1 800 000 kip (265$), malgré le fait que je lui avais déjà dit à plusieurs reprises lors de nos échanges que ça n’était pas dans mon budget. C’est un peu agaçant.
Les deux amies belges le prendront, et m’en feront un retour mitigé, notamment sur les pratiques de Noy, offrant des bonbons et autres sucreries en quantité aux enfants, qui auraient d’autres besoins bien plus prioritaires.
16 septembre 2017
Ban Simonkhoun, Région de Luang Prabang (ຫລວງພຣະບາງ)
Dans le village, les bungalows de Noy sont le seul hébergement qui accueille des voyageurs. Alors quand on se promène dans le village, tout le monde se doute que l’on vient de là : « Noy Bungalows, Noy Bungalows? ».
La vie semble paisible ici. Les hommes vivent de la pêche. Les femmes, du coton.
Les habitants sont particulièrement accueillants, et nous disent bonjour chaque fois qu’on les croise : « Sabaidee! ». Attablée, une famille me fait signe de me joindre à elle. Plus loin, une dame propose de m’offrir une bière. Plus tard, lorsque la pluie s’abat, c’est une autre famille qui me fait signe de venir me mettre à l’abri avec elle. Une nouvelle naissance fait la fierté du village tout entier, et on m’invite à photographier le nouveau-né âgé de dix jours. Je demande comment il s’appelle, on me répond qu’on ne sait pas. J’apprendrais plus tard qu’au Laos, les prénoms sont donnés vers l’âge de trois ans. Puis, deux jeunes garçons me suivent. Curieux de ma caméra, je les sens taquins. En effet, le plus jeune voulait absolument m’offrir un gros vers, se doutant bien que ça me dégoûterait. Éclats de rires avec cette offrande, puis à la vue de leur photo.
17 septembre 2017
Luang Prabang (ຫລວງພຣະບາງ)
Je pars un peu à contre coeur. S’il rentrait dans les critères Village Monde, Nam Nga Bungalows aurait été mon village coup de coeur.
Dix minutes de barque plus tard, j’attend un certain bus. Est-ce que je saurai le repérer? Est-ce que je parviendrai à communiquer? … On verra bien! Après trente minutes d’attente, en voilà un qui s’arrête de lui-même en me voyant. Il me charge 5000 kip de plus que ce qui était prévu… Flemme de négocier. Le trajet est rapide, une heure trente.
Arrivée à Luang Prabang, je dépose mes affaires à l’auberge que j’avais réservée au préalable. Je constate le nombre de touristes dans la ville! Ça a du bon que les villes comme Luang Namtha soient réputées comme n’y ayant rien à faire : personne n’y va! En tout cas, je ne m’attendais pas à ça, et je me prend un coup de stress du monde, et instinctivement je me dirige vers le Mékong, limite en courant, pour y voir un peu de nature. Un gars en bateau a senti ma détresse, et me propose un tour d’une heure. Je sais qu’il est en train de me carotte sur le prix, encore, mais avide de paix, je ne négocie pas…
Je passe le reste de la journée à me promener dans la ville. Devant un temple, je vois des moines bouddhistes se prendre en photo avec leur téléphone! Je les observe au loin, ne sachant pas si j’ai le droit de rentrer, de leur parler, ne voulant pas être intrusive… Rapidement, l’un d’eux me fait signe de les rejoindre, accompagné d’un « Hello! ». Je m’exécute, ravie, et il me demande de les prendre tous en photo avec son téléphone. Pour me le donner, il le dépose au sol. Nous ne devons pas avoir de contact direct.
Puis, l’un d’entre eux me demande si j’ai Facebook :
– Heu oui, pourquoi?
– Je peux t’ajouter?
– … T’as Facebook???
Dans la soirée, je reçois une invitation de sa part, et nous passons un petit moment à discuter : il me demande conseil pour trouver sa voie… Tu parles d’une histoire cocasse!
18 septembre 2017
Luang Prabang (ຫລວງພຣະບາງ)
À Luang Prabang, j’avais deux hébergements à évaluer. Kamu Lodge, qui ferme pendant la saison des pluies, et ouvre le 1er octobre. Kham Homestay, dont les propriétaires, en voyage en France, ne seront de retour que le 15 octobre.
En faisant quelques recherches, je trouve deux autres hébergements. Jungle Eco Bungalow Experience, dont les récentes pluies ont causées trop de dommages aux bungalows. Et The Eco Bungalow Project, dont le coût pour m’y rendre et revenir monte à 80$.
Décidément!
Réputée comme étant le joyau du Laos, je décide d’y passer tout de même quelques jours, notamment pour aller voir les cascades Kuang Si.
Ce matin je me lève tôt pour arriver à la location de scooter avant qu’il n’y ait trop de monde. Je me présente à 8h45 pour récupérer mon scooter commander la veille, mais comme on est au Laos, je ne l’aurai qu’une heure plus tard… Ce qui finalement ne sera pas plus mal car je rencontre deux Allemandes avec qui nous décidons d’y aller ensemble.
C’est important, parce que ce que l’histoire ne dit pas encore… c’est que je n’ai conduit qu’une seule fois dans ma vie un scooter, en Thaïlande, en 2014, et ça n’était pas fameux… Mais là, en voyant tout le monde conduire, je me suis dit qu’il fallait que je me mette un coup de pied aux fesses pour maîtriser cet objet de liberté!
Au premier virage, qui était un carrefour, je n’arrive pas à tourner, je panique, j’accélère sans le vouloir en essayant d’atteindre les freins, et je fonce dans deux dames, elles aussi en scooter, sur la voie opposée. Personne n’a rien eu, mais elles étaient vraiment fâchées. J’étais un peu stressée pour la suite. Au final, ça été, malgré les pluies diluviennes qui nous ont accompagnées pendant une heure. Routes en serpentin, graviers, nids de poule… Je pense que je suis rodée maintenant.
Arrivées aux chutes, il y a du monde, mais ça ne paraît pas. On accède assez rapidement au sommet, on en prend plein la vue. Puis on décide d’aller visiter une certaine grotte.
On a marché pendant plus d’une heure dans la jungle, dans la boue, avec des moustiques, des araignées et serpents venimeux, des sangsues qui appréciaient un peu trop mes mollets, mais aussi des papillons… pour trouver une grotte fermée pendant la saison des pluies.
Puis finalement, nous atterrissons au Paradis : une petite cascade absolument féérique où l’on se baignera pour se rafraîchir.
Sur le chemin du retour, au pied des chutes, on rencontre Oliv’, qui d’abord, fera une blague sur mes cheveux. #classic
Oliv’, français immigré au Laos depuis quinze ans, vient d’ouvrir un restaurant, le Carpe Diem – https://www.carpediem.la/, dont une partie des bénéfices est reversée à l’association suisse L’AsAs – https://www.lasas.ch/, qui oeuvre dans l’accès à l’éducation, aux soins de santé, à la protection des animaux et la préservation de l’environnement au Laos. Ils ont déjà mené à bien beaucoup de projets depuis cinq ans, grâce à des dons privés. Aujourd’hui, ils auront en plus, des bénéfices du Carpe Diem.
Puis, au fil de notre discussion, j’apprendrai qu’Oliv’ est l’ancien manager de Kamu Lodge, l’hébergement que je devais évaluer, mais fermé pendant la saison des pluies!
Luang Prabang (ຫລວງພຣະບາງ), c’est une histoire qui se raconte en couleur, et toujours en hauteur.
L’ancienne capitale du Laos est classée patrimoine mondial de de l’Humanité par l’UNESCO en 1995. On y trouve beaucoup de traces de la colonisation française, avec les nombreuses boulangeries et les aînés qui parlent français.
Ici, le paysage typique est la pointe du haut d’un temple orangé à côté d’un palmier, le tout sur un fond de ciel bleu.
Luang Prabang est une ville très touristique qui coûte cher, mais une visite de trois jours est amplement justifiée.

C’est au milieu d’un grand terrain vert, quelques mètres après le village, que se trouvent les deux bungalows qui peuvent accueillir jusqu’à quatre voyageurs. Ils ont été construits en 2012 par Noy et son mari français – aujourd’hui décédé. Ici, ce sont surtout des français, belges et suisses qui viennent, par le bouche à oreille.
Les repas se font à heures fixes, dans la salle commune, tous ensemble comme en famille – il n’y a aucune alternative aux alentours. Les produits sont locaux, tout comme les délicieux plats.
Il y a une employée ici, dont le revenu lui permet d’aller partiellement à l’école. Noy propose des excursions en bateau, en montagne, dans les villages des alentours… Une partie des revenus est remise lors de certaines visites, comme à la démonstration de tissage de coton, activité principale des villageoises.