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VOYAGE EN INDE
Le Retour
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janvier 2015 – mars 2016
par Jessica Valoise[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/6″][/vc_column][/vc_row][vc_row 0= » »][vc_column 0= » »][vc_empty_space height= »50px »][/vc_column][/vc_row][vc_row 0= » »][vc_column width= »1/6″][/vc_column][vc_column width= »2/3″][vc_column_text 0= » »]
Le retour de voyage fait parti des sujets inévitables sur un blog de voyage. On ne parle pas de retour de vacances, d’une pause dans sa vie, mais de retour de voyage, d’aventure, d’exploration, de la vie qui continue, ailleurs. Dans les deux cas, le retour est difficile, mais de différentes manières.
Les vacances, c’est un break, pour se reposer, pour prendre l’air, pour changer d’horizon. On sait où et quand on part, on sait où et quand on rentre. Plus ou moins. Enfin, en gros, c’est ça, et quand on rentre, on est un peu nostalgique, on a du mal à se remettre dans le bain les premiers jours, on pense aux prochaines deux semaines de vacances, ou pas, et puis on retrouve tranquillement notre routine.
Le voyage au long court, ça n’est pas – vraiment – des vacances, parce qu’on a le temps. Partis souvent pour une durée indéterminée et pour un itinéraire approximatif, la seule routine qui existe est packer-dépacker-repacker. Parce qu’on a le temps on se permet de se perdre et d’abandonner ses principes et ses repères. On a le temps de se faire face, d’apprendre, de s’acclimater, puis d’adopter au final une nouvelle culture, ou du moins, d’oublier un peu la sienne. Le voyage nous remplissant de l’intérieur, et notre sac d’une quinzaine de kilos représentant l’ensemble de nos biens, la consommation de masse devient – si ça n’était pas déjà le cas – superflu et vide de sens. D’ailleurs, on s’accommode facilement d’un tapis pour dormir, d’une douche en plein air, de toilettes à la turque, de vêtements sales portés plusieurs jours de suite, de n’avoir que cinq tenues différentes et se rendre compte au final que c’est même trop. Parce qu’on a le temps, on parle aux inconnus, pendant quelques minutes, pendant des heures, on fait connaissance, on s’intéresse aux autres. Parce qu’on a le temps, on regarde autour de nous. Parce qu’on a le temps, on a le temps d’apprécier, on a le temps et le droit d’être heureux. Parce que c’est un bout de notre vie, il y a des hauts et des bas, on apprend à se surpasser, on apprend sur nous-même, on grandit, et finalement, on a l’impression de vivre plusieurs vies en une.
Les vacances, on en revient rechargé à block. Le voyage, on en revient épuisé.
J’ai fait plusieurs voyages, et donc plusieurs retours, toujours synonymes de petit blues classiques se ressemblant tous plus ou moins. Mais alors ce retour d’Inde…
Quand j’ai pris la décision de quitter l’Inde, j’ai voulu le faire en douceur et d’abord passer quelques jours à Koh Lanta avec Kip’, qu’on se raconte nos vies des trois derniers mois en vadrouille chacun de notre côté et qu’on profite de la plage et du soleil, encore un peu, et en fait surtout, de Kwan’s Cookery, le meilleur restaurant de la Terre et de l’Univers.
Penser au retour – et donc au passage « obligé » par Paris avant Montréal – n’était pas la chose la plus excitante de mon voyage. Pourtant, j’espérais que rien n’ait changé. Souvent, on entend qu’une des choses difficile du retour, c’est se rendre compte que rien n’a changé. Moi, c’est un peu le contraire. D’ailleurs, à Koh Lanta, on est retourné à un endroit qu’on avait adoré, et les choses avaient un peu changées. Le premier jour, on s’est dit qu’on aurait aimé retrouver notre souvenir intact. Finalement, c’était bien aussi comme ça. Mais quand je « rentre », que ça soit de voyage ou de Montréal, j’aime retrouver les choses à leur place. Parce que quand je voyage, ça n’est pas pour fuir un quotidien ou un entourage qui ne me plaît pas, c’est parce que j’aime l’aventure. Mon entourage me plaît tel qu’il est, alors quand je rentre, j’espère le retrouver parfait comme il est, à la même place.
Le fait que je prenne des décisions deux, voir trois jours avant n’aide pas spécialement non plus pour me préparer psychologiquement. Du coup, quand un jeudi j’ai décidé que je rentrerai le samedi suivant, ben ça m’a mis un gros coup de stress dont je me serai bien passé, contractant (je le saurai plus tard) en même temps une infection! Fièvre, migraine, acouphènes, psoriasis, pendant dix jours, dix jours passés au lit (et cinq semaines à combattre naturellement cette infection). Bref, rien de très funky.
Alors le retour, hé bien comme d’habitude, j’ai toujours un décalage entre mon esprit et mon corps. Ils ne prennent pas l’avion en même temps, et je met du temps à atterrir, entièrement. Je n’ai pas connu la période excitante du retour, je n’avais envie de voir personne parce que j’étais encore dans ma bulle et que j’étais là sans être là, donc parler, ça me faisait chier (plus que d’habitude, oui). Quant à écouter, malgré le fait que ça soit une de mes grandes qualités, ben là, je n’étais juste pas là. Puis Paris… Ben c’est Paris quoi.
Certes, dormir sur un vrai matelas, c’est pas dégeu, avoir une connexion internet rapide, c’est assez pratique, pouvoir cuisiner, ça fait du bien, avoir de l’eau potable, ça remet un peu les choses en place, faire une pause visite-reportage-organisation (si petite soit cette dernière), ça fait du bien… Mais la pluie et le ciel gris, c’est pas super. La tristement célèbre énergie négative Française / Parisienne… Ben c’est négatif quoi. Mettre des chaussures et un jean – des vêtements socialement acceptables en fait – c’est devenu difficilement supportable, entendre son téléphone sonner toutes les cinq minutes l’est encore moins, surtout quand votre entourage ne réalise pas vraiment et s’attend à vous retrouver fraiche comme une fleur… Sauf qu’on ne revient pas d’Inde fraiche comme une fleur. Utiliser des toilettes occidentales, du papier toilette, de l’eau chaude, et manger avec des couverts, c’est bizarre et beaucoup moins naturel que la transition inverse. Ça fait bizarre aussi d’entendre de nouveau parler français et c’est difficile de reprendre cet automatisme parce que les premiers mots qui te viennent sont en anglais. Puis les conventions, la politesse, et tout et tout… *soupir*
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« La boulangère ne vous sourit plus à cause de votre petit accent et elle se contrefiche de là d’où vous venez. Elle, elle bosse. Vos amis ne vous pardonnent pas de chercher parfois vos mots et vous traitent de snob au moindre anglicisme. Encore un petit côté grisant du voyage qui s’envole. » Claudia des Baroudeurs
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Puis les questions habituelles et redondantes : « Alors, comment c’était? » auxquelles on n’a pas forcément envie de répondre parce que déjà, on ne saurait même pas par où commencer. Puis quand on se lance on se rend vite compte qu’en fait, notre interlocuteur n’est pas si intéressé que ça – en général – et que c’est difficile pour lui d’imaginer, de comprendre, de ressentir ce que vous ressentez. Vos souvenirs et vos émotions vous appartiennent, et ça peut être presque frustrant de sentir une limite dans le partage. Finalement, vous parlez avec les voyageurs que vous avez rencontré sur la route, et vous vous rendez compte qu’ils vivent la même chose, et en particulier pour l’Inde, qu’ils ressentent la même chose : je ne sais pas si j’ai aimé ou pas, mais je n’arrête pas d’y penser, c’est pas le voyage que je veux continuer, c’est retourner en Inde qui m’obsède. Voilà voilà.
J’ai eu du mal à me faire au retour aussi parce que pendant trois mois le temps s’était arrêté, ou plutôt, paraissait infini. J’avais l’impression de toucher du bout du doigt ma vie de nomade tant « rêvée », surtout lorsque j’ai eu deux contrats (photo et peinture), un directement en Inde, et un à distance au Canada. Je ne cours pas après un rêve, mais après ma réalité. Alors quand on me parle de « retour à la réalité », je ne sais jamais comment répondre. Parce qu’en fait… C’est ma réalité. Je n’étais pas une dimension parallèle, j’étais juste à quelques kilomètres, à faire ce que je fais et à être qui je suis. Je ne souhaite pas faire du voyage ma raison d’être, le voyage EST ma raison d’être. Je n’y peux rien, c’est comme ça. Ça n’est pas de l’addiction, ça n’est pas ma drogue. C’est un état, une façon de vivre. Comme Josef Schovanec, je ne crois pas en la sédentarité, je ne crois pas à cette nature de l’homme. Du coup au retour j’avais du mal à réaliser que mon aventure qui me semblait infinie, s’était arrêtée, après trois mois.
Trois mois qui ne sont finalement pas grand chose mais qui m’ont paru presque une année entière. Quand je suis allée déjeuner chez Veganovore (oui, je suis sortie de ma bulle, un peu), la serveuse me disait qu’elle ne m’avait pas reconnu car j’avais changé de coiffure, et dans ma tête je me suis dit qu’en même temps j’étais venue il y a un petit moment. Mais en fait non, ça ne faisait que trois mois! Puisque j’y étais passée en attendant justement mon visa pour l’Inde… C’est ça, cette impression de vivre plus, beaucoup plus, et beaucoup plus intensément.
En fait, le voyage, c’est un peu comme un jeu vidéo – ou l’inverse. Quand je voyage, j’ai l’impression de vivre une vie, voir plusieurs vies supplémentaires, d’évoluer de niveau en niveau, de gagner de nouvelles armes, de nouvelles aptitudes. Puis quand je « rentre », à Paris – l’effet se ressent un peu moins à Montréal -, j’ai l’impression d’être hors jeu, d’être en pause, d’être rangée dans une boîte, comme un Pokemon capturé dans une Pokéball.
Puis, la tête reposée, mon esprit ayant habité de nouveau mon enveloppe corporelle, j’ai réalisé. J’ai réalisé que je l’avais fait. Mon voyage seule en sac à dos. Mon premier. (Mais quelle idée d’avoir choisi l’Inde pour une première fois!). Du coup, le retour a commencé à devenir un peu plus cool, finalement comme un nouveau chapitre tout simplement. D’ailleurs, il a suffit d’une soirée pyjama chez une amie sur Paris (quoi on n’a pas l’droit de faire des soirées pyjamas quand on a presque 30 ans…?) pour avoir l’impression de prolonger mon voyage et que je retrouve cette excitation de l’aventure au moment de faire mon sac à dos.
Alors, forcément je pense à mon prochain voyage, ou alors à la prochaine ville Canadienne où je vais m’installer, ou à ma prochaine courte aventure. Mais aujourd’hui, je n’y pense pas de la même manière qu’avant. Parce qu’aujourd’hui, une donnée à changé : je sais que j’en suis capable.
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